Un lieu, une histoire
Situé à l’emplacement d’une ancienne motte castrale fondée par la famille des Adhémar au 10e siècle, ce palais médiéval a été bâti par la même famille au 12e siècle.
Ses avantages stratégiques sont évidents, à proximité des voies de communication majeures que sont le Rhône et la route de Lyon à Arles. Aux marges des royaumes de Bourgogne et de Provence, à la croisée des chemins de puissants évêchés, cette position a favorisé l’autonomie de ces seigneurs, membres d'une lignée prestigieuse en Provence et en Dauphiné et dont les représentants furent seigneurs de Montélimar plusieurs siècles durant.
Le site est composé d’un logis seigneurial, d’une chapelle romane, d’une tour carrée et d’une enceinte fortifiée surmontée d’un chemin de ronde. Au fil des siècles, les bâtiments ont connu de nombreuses fonctions. Monument historique classé, propriété du Département de la Drôme, il a fait l’objet de restaurations successives avant d’ouvrir au public en 1983.
Aujourd'hui, le château et son histoire se découvrent à travers un parcours d'activités familial et ludique, pour une immersion au coeur du Moyen-Age.
L'église paroissiale est élevée à la fin du 11e siècle dans le style du premier art roman méridional. Quelques éléments antiques témoignant d'une occupation passée ont été réutilisés dans sa construction. La peinture murale qui orne l'abside, un Christ entouré des Évangélistes, peut être datée de la fin du 13e siècle.
Les premiers membres de la lignée Adhémar sont mentionnés dès 985. À la fin du 11e siècle, cette puissante famille participe à la première croisade et à la même période son patronyme est associé au lieu-dit. D'Adhémar de Monteil découlera le nom Montélimar. Les premiers seigneurs ont probablement édifié un donjon en bois, puis en pierre. La situation, idéale, permet de contrôler les voies de communication et se trouve suffisamment éloignée du centre politique de l'Empire (Rhénanie, Alsace) pour permettre une indépendance confirmée en 1164. À la fin du 12e siècle, Géraud Adhémar fait construire un palais qui affiche ses prétentions : on y reçoit l'Empereur Frédéric 1er dit Barberousse en 1178 et des diplômes impériaux y sont signés. En 1198, Géraud Adhémar et son frère Lambert, coseigneurs, signent une charte promettant aux habitants de modérer la fiscalité. Le site se fortifie au 13e siècle avec l'ajout d'une tour carrée puis d'une enceinte. C'est aussi de cette époque que date un second château dont la tour de Narbonne est le seul vestige : les deux frères devenus rivaux affirment ainsi leur pouvoir. Objets de diverses convoitises dont celles des Papes D’Avignon au 14e siècle, la ville de Montélimar et ses châteaux passent finalement à la couronne de France en 1449.
Au 16e siècle, pendant les guerres de Religion, la ville subit plusieurs sièges avant d'être laissée aux Protestants jusqu'en 1622. À partir de 1588, le duc de Lesdiguières, chef des réformés du Dauphiné, ordonne la construction d'une citadelle. Celle-ci, pourvue de quatre bastions, modifie considérablement la topographie du site. Elle est entourée de fossés et l'entrée principale, dite porte royale, se trouvait à l'ouest, côté ville. À cette époque, la chapelle sert de magasin à poudre et d'arsenal. L'état-major royal s'y établit de 1622 à 1788.
En 1791, la citadelle est transformée en prison. Les détenus, des hommes et des femmes, vivent dans des cellules installées dans les trois niveaux du logis. Celles du rez-de-chaussée sont encore présentes et conservent encore des graffitis. En 1926, Montélimar perd sa fonction de chef-lieu d'arrondissement et le château cesse d'être une prison.
Le classement au titre des monuments historiques date de 1889 pour le château des Adhémar et de 1938 pour la tour de Narbonne et la courtine urbaine. Après l'acquisition du site par le Département de la Drôme entre 1947 et 1955, vient le temps de plusieurs campagnes de restauration, dont dernièrement celles de la cour intérieure et de la chapelle, ouverte au public en 1983.